Santé/ Martin WINCKLER/ Son livre : "Les Brutes en blanc" - Edition Flammarion, 2016 (Martin Winckler est lui-même médecin et fils de médecin) - Livre découvert sur le rayonnage d'une bibliothèque - Etonnant "voyage" depuis le moyen-âge jusqu'à nos jours. Sujet parfois brûlant sinon dramatique ("logique industrielle ou médicale" ?!) souvent passionnant

Publié le par Passionsetbilletsactu

"En France comme ailleurs, nombreux sont les praticiens intègres et bienveillants, animés d'idées généreuses et dévoués aux patients".

On aimerait qu'ils soient toujours les plus influents..."

Extraits

 La fabrique des brutes en blanc

Moyen-Age (malheur aux femmes...)/ En France au moyen âge, le catholicisme prend le contrôle de la médecine. Pendant des siècles, l'Eglise s'opposera à la recherche médicale, par exemple en interdisant les dissections, ce qui ralentira l'acquisition des connaissances en pathologie, mais aussi en thérapeutique.

Au XVIème siècle, l'Eglise entreprend de disqualifier systématiquement les sages-femmes, femmes médecins et guérisseuses, qui soignent avec des plantes et des remèdes naturels, en les accusant de sorcellerie. Et en les brûlant à l'occasion.  

Jusqu'à la Révolution, l'Eglise contrôle entièrement la profession médicale, permet à celle-ci de dominer toutes les autres professions soignantes. Et seuls les hommes ont le droit d'être médecins.

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France : le droit divinAu XVIIème siècle en France, se révolter contre le roi, c'est se révolter contre Dieu - A la même époque en Angleterre, le roi n'est plus monarque de droit divin...

Oeuvre de Dieu/ Au XVIIème siècle, l'école d'anatomie de Leiden (Pays Bas) est l'une des plus réputées d'Europe. On considère là-bas qu'étudier le corps humain, c'est comprendre l'oeuvre de Dieu. Et quand le Britannique William Harvey, en 1628, suggère que le coeur fonctionne comme une pompe et faire circuler le sang dans tout l'organisme, les savants néerlandais reprennent ses recherches. Les Anglo-saxons se sentent libres d'échanger opinions et idées

 

Actuellement, en France, la parole du maître est sacrée.  Actuellement, en Angleterre, la parole du maître véhicule l'état des connaissances "à un moment donné"... C'est là leur éthique.

 

Le distilbène, l'un des grands scandales médicaux et humanitaires/ Depuis l'après-guerre, l'essentiel de la littérature médical se publie en anglais. Le monde médical français s'est longtemps refusé à lire et à écrire dans une autre langue que la sienne (...). Ainsi, le Distilbène, dont la toxicité était connue depuis la fin des années cinquante a été interdit dans les pays anglophone en 1970... et en France en 1977

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/sante/le-scandale-du-distilbene_1626625.html

https://information.tv5monde.com/info/sante-et-scandales-sanitaires

https://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/mediator-le-proces-aura-lieu-a-l-automne-2019_2049452.html

** https://youtu.be/ibG0Dk1JDGk

"glaçant" "pieuvre au sein de nos institutions françaises"

(interview édifiante du Docteur Irène FRACHON)

 

Ordre des médecins, des infirmiers, des sages femmes/

 Pays-Bas, Royaume-Uni,  Canada... prennent très aux sérieux les plaintes  qui peuvent être déposées par des patients. A leurs yeux, chaque faute commise par un médecin entache la réputation de la profession tout entière. En France, l'Ordre des médecins fonctionne sur l'a-priori inverse

Ordre des infirmières et infirmiers du Québec. On peut y lire notamment ceci : (...)"L'infirmière clinicienne conçoit et applique des programmes de soins. De plus, elle coordonne les soins et les services et peut participer à des projets de recherche"

En France, infirmières et infirmiers sont considérés comme les exécutants des médecins et n'ont ni fonction diagnostique ni poids décisionnel dans le choix d'un traitement. Pour être entendu(e)s  il leur faut travailler avec des médecins qui veuillent bien écouter. 

Ordre des sages-femmes du Québec. On peut y lire ceci : (...) "La sage-femme est une professionnelle de la santé formée pour être entièrement responsable des soins et des services durant la grossesse, l'accouchement et la période postnatale pour la mère et le nouveau-né jusqu'à six semaines après la naissance. La sage-femme est une professionnelle autonome (...) qui travaille au sein d'une maison de naissance ou d'un service de sages-femmes".

En France,  la démarche est très différente et  on surmédicalise l'accouchement. Pourtant, voici ce que dit le Code de la Santé publique (Article R4127668) :

"Dans l'intérêt des malades, les médecins doivent entretenir de bons rapports avec les membres des professions de santé. Ils doivent respecter l'indépendance professionnelle de ceux-ci et le libre choix du patient"

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DES  PRESCRIPTEURS DOCILES ?

Depuis toujours, l'industriel du médicament est le meilleur ami du médecin français. Un nombre considérable de médecins pense en toute bonne foi qu'un industriel du médicament n'a qu'un objectif :  le bien de l'humanité...

Un membre de Big Pharma fait partie d'une entreprise commerciale, avant tout. Comme un fabricant d'armes, une compagnie pétrolière ou une multi-nationale de l'agroalimentaire. L'oublier, c'est confondre les produits (des médicaments) avec les objectifs (faire du profit).

J'ai pris conscience de l'omniprésence de l'industrie dans le monde médical français au cours des années quatre-vingt, lorsque je suis allé rejoindre la rédaction de la revue PRESCRIRE (alors première revue française indépendante consacrée au médicament).

Depuis, d'autres organismes indépendants, en particulier le FORMINDEP sont venus grossir les troupes des opposants à l'industrie... Mais force est de constater que l'influence de l'industrie pharmaceutique ne s'est pas atténuée. 

 Que faire face à la maltraitance médicale

 La relation patients-médecins  a changé au fil des siècles et elle continuera à évoluer. Particulièrement vrai en ce qui concerne la santé des femmes.

 

Conseils généraux lors d'une consultation médicale =

- C'est le médecin qui a des obligations à votre égards, non l'inverse. Le code de déontologie est claire. Mais restez calme, le calme est toujours plus efficace que la colère

 

- Vous avez le sentiment d'être face à une discrimination, de quelque nature qu'elle soit, signalez la au médecin. Il n'en a peut être pas conscience

 

- N'acceptez jamais de régler une consultation à l'avance. Le médecin n'a d'ailleurs pas le droit de l'exiger

 

- N'acceptez jamais qu'on vous examine avant qu'on vous ait expliqué à quoi cet examen va servir et sans que vous ayez donné votre consentement. Et le plus souvent on peut parfaitement vous examiner en sous-vêtements ou partiellement habillé (garder le haut pour un examen gynécologique par exemple)

 

- Tout geste doit être fait de manière indolore ou presque, à condition que le médecin prenne son temps (un médecin qui continue à faire mal sans s'arrêter malgré votre demande est passible d'une plainte pour coups et blessures)

 

- Exigez toujours une explication détaillée de ce que le médecin a constaté, de ce qu'il pense, ou croit avoir diagnostiqué. S'il ne sait pas, qu'il le dise. Et qu'il vous dise aussi ce qu'il compte faire pour en savoir plus. Assurez vous qu'il note précisément ses constatations dans votre dossier

 

- Votre dossier médical vous appartient. Vous êtes en droit d'en demander une copie à tout moment

 

- Quand un médecin vous remet une lettre pour un autre médecin, demandez à la lire. Le secret professionnel n'est pas opposable au patient lui-même

 

- Quand vous consultez un médecin pour un problème complexe ou émotionnellement difficile, préparez vos questions par écrit, vous pouvez aussi vous faire accompagner par une personne de confiance. Vous êtes en droit de lever le secret médical pour la personne de votre choix, même si elle n'est pas de votre famille. Le médecin n'a pas le droit de refuser, si c'est ce que vous voulez

 

- Ne partez pas sans avoir compris. Ne prenez pas de décision sans prendre le temps de réfléchir. En dehors d'une hospitalisation en urgence, rien n'est pressé à la minute. Au besoin, assurez vous que vous pouvez rappeler le médecin (ou lui écrire par courriel) pour lui poser des questions supplémentaires et qu'il y répondra

 

- Si le médecin tente de faire pression sur vous d'une quelconque manière (verbalement, moralement) dites lui que vous ne l'acceptez pas. S'il persiste, sortez et partez sans payer.

 

Au cours d'une consultation il est inacceptable  =

= qu'un médecin exige de vous examiner. En revanche, vous êtes en droit de demander qu'il vous examine si vous le jugez nécessaire (ne serait-ce que pour vous rassurer)

 

= qu'on vous impose la présence d'un professionnel en formation

 

= qu'un médecin pose des questions concernant votre vie personnelle (sexuelle, professionnelle, familiale, socio-économique) sans relation avec votre motif de consultation. Si le médecin insiste, demandez lui en quoi c'est médicalement pertinent. Et si vous n'êtes pas convaincu, demandez lui de ne pas insister

 

porte des jugements de valeur sur votre aspect physique, vos vêtements, votre activité professionnelle, votre origine sociale ou ethnique. Les compliments appuyés, séducteurs sont également inacceptables. Si on vous en fait, relevez les et exiger que le médecin vous parle autrement

 

= vous soumette à un chantage, vous culpabilise, vous fasse peur, vous menace, pratique l'ingérence dans vos affaires privées ou vous bombarde de leçons de morale. Demandez lui de cesser. Sinon levez vous et sortez immédiatement

 

= vous prescrive un médicament à titre expérimental (...) Si le médecin présente comme avérée un information que vous pensez erronée, vous êtes en droit de lui demander d'où il la tient (sources scientifiques)

 

= qu'un médecin se mette à parler d'une personne que vous connaissez (membre de votre famille, ami dont il est le médecin, collègue de travail). Un médecin n'a pas à vous révéler quoi que ce soit au sujet d'un tiers

 

= qu'un médecin refuse de vous informer sur les effets secondaires du médicament qu'il vous prescrit

 

- Vous fasse courir un risque ou vous laisse démuni face à une situation angoissante 

 

- Vous impose une hospitalisation alors que vous n'en voulez pas, ou vous impose un lieu de soin (clinique, cabinet de radiologie, laboratoire biologique) de son choix, sans respecter le vôtre

 

Devant un ou plusieurs comportements de ce type, vous êtes en droit de demander au médecin d'y mettre fin immédiatement. Si il refuse ou insiste, levez-vous et partez sans payer. Vous n'avez pas à payer un médecin qui se comporte de manière anti-professionnelle

 

Que faire quand on a été victime d'un médecin maltraitant ?

 

- Ce qui signe la maltraitance, c'est la répétition des brutalités par un médecin qui trouve ça normal. Quand on récidive, ce n'est plus un accident. Parfois, on subit cette maltraitance dès la première entrevue.

La caractéristique des médecins maltraitants c'est qu'ils pensent être intouchables du fait de leur statut et du silence de leurs victimes. Si un médecin vous a maltraité(e), il a sûrement agi de même avec d'autres. 

Il y va de la maltraitance médicale, comme des violences conjugales, du viol ou des violences à enfant

Il est indispensable de se faire entendre des instances concernées (établissement qui l'emploie, la Cpam, l'Ordre des médecins, éventuellement un syndicat professionnel, le Collectif interassociatif sur la santé (CISS)... Impliquer des tiers, rompre le silence

L'acteur le plus important, si les maltraitances sont graves, c'est bien sûr la justice.

  •  Une maltraitance verbale peut faire l'objet d'un simple courrier adressé au médecin qui l'a commise. Une maltraitance grave doit faire l'objet d'une plainte au pénal

*** récit de la consultation telle qu'elle s'est passée. Indiquer le plus de détails possibles

*** Courte lettre au médecin, en citant les articles du Code de déontologie qu'il a enfreints par son attitude et en joignant copie du récit de la consultation, en indiquant le cas échéant que vous vous réservez le droit de faire appel à un avocat et de porter plainte (si la maltraitance verbale est très grave)

Patientez une quinzaine de jours. Il est très possible que le médecin vous présente ses excuses. A vous de vois alors si vous lui donnez ou non une seconde chance

En cas d'absence de réponse, ou de réponse inacceptable, ne retournez pas le voir. Si la lettre est insultante, ou comporte des menaces, allez déposer plainte au commissariat en citant les articles du Code de déontologie concernés

 

Envoyez copie de la lettre et du récit au directeur de l'établissement où travaille le médecin, à la Cpam, au Conseil départemental de l'Ordre... en indiquant tous les destinataires ("Copie a été adressée à ...")

Envoyer les lettres à tous les destinataires en recommandé, avec accusé de réception

  • Vous avez victime d'une maltraitance physique, ou d'une faute professionnelle (geste imposé sans consentement, refus de soin, viol de la confidentialité, attitude de discrimination...)

- Récit précis de la consultation

- Déposer plainte au commissariat ou à la gendarmerie. Demandez un récépissé et une copie du procès-verbal. Envoyer votre plainte au procureur en recommandé avec accusé de réception

- Demander conseil à un avocat : dans certains cas, cabinets de groupe, clinique, hôpital peuvent aussi être tenus pour responsables.

Si les faits sont très graves, vous pouvez vous porter partie civile, ce qui contraindra le parquet à ordonner une instruction (mais cette démarche est payante). Discuter avec l'avocat de l'éventualité de rendre la plainte publique (il est parfaitement légal de faire savoir aux journaux que vous portez plainte contre cette personne)

Inutile cette fois d'écrire au médecin. Il est préférable qu'il ne sache pas que vous avez porté plainte. Il lui sera plus difficile de préparer des réponses toutes faites quand il sera convoqué au commissariat.

Prenez contact avec le CISS pour l'informer de votre démarche

 

Pourquoi porter plainte au pénal,

non devant l'Ordre des médecins ?

La maltraitance commise par un médecin est aussi grave que les attouchements commis par les prêtres pédophiles par exemple. Personnellement je déconseille de déposer plainte devant le Conseil de l'Ordre car celui-ci recherche toujours un compromis, ce qui n'es pas forcément dans l'intérêt du patient...

Un médecin maltraitant a enfreint ses obligations légales, il relève du tribunal correctionnel.

Si le Parquet donne suite, l'Ordre des médecins sera contraint d'examiner son dossier...

Agir au pénal est donc le meilleur moyen de se faire entendre.

A savoir/ Un mineur peut porter plainte seul(e)

ou accompagné d'un parent

Une main courante peut être proposée par les policiers. Mais il s'agit d'une simple déclaration qui restera sans suite (pas d'enquête, pas de saisine du tribunal). Insistez pour déposer une plainte. On ne peut pas vous en empêcher ! Si les policiers refusent... écrivez directement au procureur de la République, en  notifiant ce refus (et le commissariat ou la gendarmerie concerné-e) dans votre courrier (modèle de lettre : http://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R11469)

 

Saisissez aussi le Défenseur des droits (personnage clé dans la protection des droits et des libertés) http://www.defenseurdesdroits.fr/

+ ligne dédiée à la santé / 0810455 455

 

Suggestions d'actions collectives

Mon livre est une des sources qui peuvent aider au "diagnostic"

Faire des appels à témoin sur les réseaux sociaux ou la presse locale pour recueillir des témoignages concernant un médecin ou une structure maltraitante

Faire circuler les témoignages de maltraitance par tous moyens (blogs, articles de journaux, émissions radio, vidéos en ligne)

 

Dresser des annuaires de médecins bienveillants et corrects (comme les sites Gyn & Co , mais aussi de médecins maltraitants. Les sites de notation de médecins ne sont pas interdits en France

Constituer des associations de patients, se rendre dans les facultés de médecines pour sensibiliser les médecins, étudiant-e-s, enseignants en médecine à l'existence de la maltraitance

Inviter des professionnels, des membres du Conseil de l'Ordre, des syndicats, des associations locales de médecins à vos réunions, en leur envoyant votre bulletin d'information

 

Aux professionnels de santé/

Si vous assistez à des actes de maltraitance, si vous recueillez des témoignages de patient(e)s, ne restez pas sans rien faire. Ne détourner pas les yeux. Si vous êtes étudiants, vous pouvez partager ce que vous avez vu par des blogs, des forums, des réseaux sociaux.

Si vous êtes en activité, intervenez auprès des institutions. Ne soyez pas complice par inaction, ou indifférence.

Votre obligation première, c'est de soutenir les patients. Par tous les moyens

 

Conclusion ?

La maltraitance médicale est une réalité en France. L'arme principale des professionnels maltraitants, c'est de laisser entendre qu'on ne peut rien contre eux. Il est temps qu'ils cessent de se croire tout-puissants.  En ce domaine, il n'y a pas de petit combat : demander qu'on vous écoute et qu'on vous explique, dire non quand on cherche à vous imposer ce que vous ne voulez pas, c'est déjà une victoire.

 

Code de déontologie/ https://www.conseil-national.medecin.fr/

 

Collectif inter-associatif sur la santé (CISS - http://www.leciss.org ) = 44 associations de patients et usagers. Antennes dans toutes les régions. Servive SOS Info Droits pour répondre à vos questions sur la santé et la loi au 01 53 62 40 30

 

Collective Gyn & Co (liste de soignants féministes ) = http://gynandco.wordpress.corn/

 

Comment porter plainte http://www.service-pubique.fr/particuliers/vosdroits/F1435

 

 

Publié dans SPORT - SANTE - BEAUTE

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