11 novembre... & le combat de Jean Jaurès pour la paix... (vidéo)
« Au début de la guerre, tout le monde sera entraîné. Mais lorsque les conséquences et les désastres se développeront, les peuples diront aux responsables : « Allez-vous en et que Dieu vous pardonne ». Jaurès
http://www.jaures.eu/ressources/de_jaures/bruxelles-le-29-juillet-1914/
Source"Paroles de Poilus"/ France Bleu (lettres et carnets du front - 1914/ 1918)/ Extrait
Il y eut d'abord les paillettes d'un siècle nouveau, le faste des expositions universelles, la course du progrès, la succession des dimanches calmes et sereins (...) les premières fièvres du métropolitain, la magie des tramways (...)
Il y eut bien sûr des émeutes et des grèves (...) Les hommes voulaient construire et modeler leur destinée.
Il y eut le passage de la comète de Haley, l'inauguration du Vél d'Hiv , la publication de la Guerre des boutons, l'édition du Grand Meaulnes d'Alain Fournier qui manqua de si peu le prix Goncourt, l'apparition des premières cabines téléphoniques, l'electrification du chemin de fer, les premières cartes michelins, l'invention de l'esperanto.
C'était la paix. La promesse d'une aube nouvelle, la quiétude des champs de blé parsemés de bleuets et de coquelicots.
Ils avaient 17 ou 25 ans, mais ils pouvaient en avoir 30 ou 40... Il y eut soudain des civils, des militaires de carrière, des conscrits, des réservistes, des artilleurs, des marins, des fantassins, des zouaves, des aviateurs, des sapeurs, des brancardiers, des cuistots, des aumoniers... Il y eut soudain des poilus.
Sur 8 millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de 2 millions ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Leurs noms sont gravés dans la pierre froide des monuments de nos villes et de nos villages (...)
Plus de 8000 personnes ont répondu à l'appel de Radio France : 8000 lettres, cela veut dire autant de familles qui ont recherché dans une malle du grenier le souvenir de la vie de leurs pères, de leurs grands-pères, de leurs aïeux.
Ces mots n'ont pas vieilli d'un jour. Ils ont la force d'une vie qui tutoyait l'abîme
...Parmi toutes ces lettres remarquables, l'une d'elles reflète le clivage qui pouvait exister entre le front et l'arrière...
Lettre d'un certain Gaston, à sa mère. Il avait 29 ans en 1914. Pendant plus de deux ans, il a attendu en vain une permission. "Et puis le grand jour vint". Voici un extrait de sa lettre exprimant son immense déception /
Mercredi 14 juin 1916
"J'ai retrouvé mon bataillon sans trop de difficultés. C'est presque sans regret que j'ai quitté Paris. J'ai constaté comme tous mes camarades que ces deux ans de guerre avaient amené petit à petit chez la population civile l'égoïsme et l'indifférence (...)
J'avais rêvé que ces six bons jours seraient pour moi six jours trop courts de bonheur et que partout je serai reçu les bras ouverts (...) au milieu de tous ceux auxquels je n'avais jamais cessé de penser (...) D'autres m'ont presque laissé comprendre qu'ils étaient étonnés que je ne sois pas encore tué (...) Puissent les hasards de la guerre ne pas me faire infirme pour toujours"
" Gaston était le seul fils d'une famille de sept enfants. Ses soeurs apprirent sa disparition à la fin de l'été. Blessé le 8 septembre 1916, il mourut de ses blessures le 11 septembre 1916 à l'hôpital de Chartres."