EPIPHANIE/ "Des Rois Mages qui font toujours rêver"
Article de Simone Roger-Vercel
(...)"La fête de l'épiphanie clôt le temps de Noël. Son nom, venu du grec, signifie "apparition", "manifestation".
C'est le jour où l'Eglise commémore la visite des Mages à la crèche.
L'Evangile ne nous apprend rien sur l'identité de ces adorateurs.(... ) Faute de documents précis, on laissa libre cours à l'imagination.
(...) Dans les premières représentations en tout cas, ils portaient le costume perse : pantalon, tunique et bonnet phrygien.
Saint Matthieu ne nous dit pas combien ils étaient. Leur nombre varia de 2 à 8. Puis la liste de leurs dons fit pencher en faveur de 3. Chiffre définitivement fixé au Vème siècle,
sous le Pape Saint Léon Le Grand.
L'or, l'encens et la myrrhe avaient une valeur symbolique. L'or était offert aux rois, l'encens brûlait devant Dieu et montait vers lui comme une prière d'adoration, quant à la myrrhe elle préfigurait les aromates que les femmes apportèrent au tombeau du Christ le matin de Pâques.
(... ) La myrrhe qui servait aux ensevelissements devait rappeler que ce nouveau-né était mortel.
Une légende du IIème siècle de notre ère assurait que ces substances précieuses venaient du paradis terrestre. Adam, lorsqu'il avait été chassé de l'Eden, les aurait emportées avec lui.
(...) Lorsque le Messie se montra, les Mages prirent ces dons venus du paradis pour les lui offrir.
C'est la magnificence de ces cadeaux qui amena à penser que les Mages furent aussi des rois. L'idée fit son chemin et, à partir du IXème siècle, on ne parle plus que des Rois Mages.
(...) Saint Matthieu n'avait pas donné le nom des visiteurs. On s'ingénia à leur en trouver. On les appela donc Melchior, Gaspard ( traduction d'un nom d'origine perse ) et Balthasar ( nom que porta le prophète Daniel à la cour de Nabuchodonosor ).
On voulut voir en eux les représentants de toute l'humanité. Il y avait un Sémite, un Européen, un Africain noir. Ils personnifiaient les trois races qui avaient pour ancêtres les fils de Noé.
(...) Certains auteurs ont affirmé que les Mages, revenus dans leur pays, auraient été baptisés sur leurs vieux jours par l'apôtre Saint Thomas qui évangélisa la Perse.
Aucun document sérieux n'authentifie ces évènements.
(... ) Des pélerins de Jérusalem parlèrent d'un mystérieux royaume gouverné par un roi chrétien qu'on appelait le prêtre Jean. On assurait qu'il descendait d'un Roi Mage.
(...)Le royaume du souverain mystérieux continua de faire travailler les imaginations. Voyageurs et navigateurs partirent à sa recherche. Christophe Colomb, au moment d'embarquer pour son deuxième voyage, promit à ses marins qu'il les conduirait au pays des Rois Mages.
(...)Il était normal que ceux qui avaient cheminé à travers des régions désertiques pour adorer l'Enfant de la crèche soient devenus les patrons des voyageurs.
Plus étonnante était la protection qu'on leur demandait contre la fièvre, l'épilepsie, les maux de tête ou la mort subite. Peut-être parce que leur appellation de Mages en faisait, dans l'esprit des gens, des savants guérisseurs.
En Alsace, ils étaient protecteurs des maisons, nous apprend Luc Ferrier, historien. On gravait leurs trois initiales sur les poutres, les linteaux de portes et on accrochait aux murs des tableaux ou des gravures qui les représentaient.
Pour beaucoup de nos contemporains, l'Epiphanie n'est plus que le moment où l'on déguste la galette traditionnelle dont la fève sert à désigner le roi de la fête, que l'on couronne de papier doré.
Combien se souviennent qu'ils doivent cette coutume aux trois voyageurs qui bravèrent les dangers du désert pour suivre une étoile ?".
photo personnelle