6/ "Mabrouk, chien d'une vie" : rencontre bouleversante avec Jean-Pierre Hutin, et pourquoi d'ailleurs ce nom de Mabrouk ? (à suivre)...
Extraits de Jean-Pierre Hutin
Combien de fois, dans nos reportages, n'avais je pas filmé des bergers allemands ? (...) Un jour je n'ai pu résister (...)
"Il" était costaud, imposant. Au sortir de sa cage, l'animal s'était mis à courir en tous sens, comme un fou, sans nous prêter attention. Quatorze mois... Son poids devait avoisiner les quarante kilos...
Rien ne s'est déroulé logiquement ce jour là. J'avais les yeux fixés sur ce chien. Quelque chose se passait, quelque d'indéfinissable (...)
Mon chien - maintenant c'était mon chien - pour le meilleur et pour le pire.
Une amie qui connaissait mon côté "Afrique du Nord" m'a suggéré de l'appeler "Mabrouk". Mabrouk, en arabe, est un mot qui accompagne un présent : que ce cadeau te fasse plaisir toute la vie
C'était une bonne idée (...)
Par moments je sentais son regard sur moi. Il m'observait. Le lendemain matin, comme j'étais prêt à partir, je lui ai dit : "tu viens ?"
Il n'a pas bougé, j'ai reculé , alors...
Alors il a levé la tête, le museau pointé vers le plafond et s'est mis à hurler.
C'était un hurlement qui lui venait des entrailles, un hurlement du fond des âges, un cri rauque et profond de loup. (...) Je sentais que quelque chose d'essentiel était en train de se passer. Je lui ai caressé doucement la tête, alors comme un fou il a léché mes mains, s'est remis à hurler, en se mettant sur le dos, en roulant d'un côté à l'autre (...)
J'avais presque envie de pleure tant j'étais bouleversé. Le pauvre, transplanté dans un monde qu'il ne connaissait pas, avait passé 48 heures à observer ce type qu'il ne connaissait pas, à se demander qui il était, ce qu'il lui voulait, s'il lui ferait du bien ou du mal... et puis la libération était venue, l'angoisse s'était envolée, laissant déferler ce besoin d'affection et de tendresse qu'il portait en lui.
A suivre...