"Comment l'équipée de Varennes a-t-elle pu échouer ?"

Publié le 26 novembre 2019 par Passionsetbilletsactu

Extrait/ Les Grandes Enigmes de l'histoire de France

"Ce 21 juin 1791, vers 20 h, le citoyen Drouet, maître de poste à Sainte Menehould, est perplexe. Il vient d'apercevoir dans une berline un visage qu'il croit connaître. Il a alors l'idée de regarder un de ses assignats. C'est le roi, bien sûr...

(...) La grosse berline jaune sera rattrapée à 23h10 à l'entrée de Varennes en Argonne. Une souricière est organisée sous la voûte de l'église Saint Gengoult. La famille royale est conduite dans la maison du procureur de la commune, l'épicier Sauce. Le juge Destrez, dont le mariage avait eu lieu à Versailles et qui avait aperçu le roi, le reconnaît officiellement. La fuite qui avait commencé tard dans la soirée le 20 juin prenait fin.

A Paris, l'alerte de la disparition de la famille royale a été donnée par le valet de chambre Lemoine vers 8 h du matin.

La Fayette, qui commandait la garde nationale lança des hommes dans toutes les directions pour arrêter le roi. Les fugitifs avaient alors dix heures d'avance. Comment ont ils pu être rattrapés ?

Le roi avait exigé un départ collectif, soit onze personnes (la reine, les deux enfants, Madame Elisabeth sa soeur, la gouvernante et cinq domestiques).

La gouvernante jouait le rôle d'une baronner russe, le roi et la reine passaient pour ses valets de chambre.

La fuite avait été minutieusement organisée par le comte suédois, Axel de Fersen. Plusieurs étapes avaient été prévues jusqu'à Montmédy, petite ville fortifiée proche du Luxembourg et des Pays Bas. Le duc de Choiseul devait assurer le bon déroulement de la fuite.

Lorsque le convoi atteint Bondy à deux heures du matin, le convoi a déjà deux heures de retard sur l'horaire prévu. Puis quatre heures de retard en arrivant à la hauteur du pont de Somme Vesle, à la sortie de Châlons sur Marne (endroit où le duc de Choiseul devant prendre en charge la sécurité de la berline).

Comment faire patienter des cavaliers qui éveillaient la curiosité d'une population sur le qui-vive habituée à surveiller avec vigilance les départs inopportuns des émigrés ?

Choiseul prend alors une décision qui sera considérée par les historiens comme l'une des principales causes de l'échec de la fuite du roi : il annule l'opération, et rejoint Montmédy. Lorsqu'il apprend l'arrestation du roi à Varennes, il se lance dans une course poursuite pour atteindre la ville et libérer le roi. En vain, le convoi royal est reparti pour Paris sous bonne garde, cette fois.

L'arrestation de Louis XVI met en lumière le zèle révolutionnaire des habitants des provinces françaises, particulièrement dans les provinces traversées par les émigrés rejoignant l'étranger.

L'église réfractaire à tous changements et le danger du retour des émigrés soutenus par une coalition étrangère radicalisaient les révolutionnaires, à Paris et en Province.

Depuis les journées d'octobre 1789, le roi, en résidence surveillée aux Tuileries, était un otage garantissant la paix pour le peuple de Paris. Sa fuite représentait une menace directe de guerre.

Les partisans d'une monarchie constitutionnelle, dont La Fayette était le représentant, firent croire à l'enlèvement du roi pour sauvegarder sa légitimité.

Mais lorsque les constituants firent tirer sur la foule qui réclamait une république, au Champ de mars, le 17 juillet 1791, la rupture fut consommée.

L'échec de la fuite du roi consacrera la faillite des modérés encore attachés à la monarchie".