Entre Noël et Pâques/ Jean d'Ormesson, à propos de son dernier ouvrage paru en 2018, un an après sa mort ...

Source/ magazine municipal - Interview de Matthieu Rougé, Evêque de Nanterre (extrait)

Le 5 décembre 2017, Jean d'Ormesson s'endormait. Un an après paraît son trente-huitème et dernier livre, son testament  :"un hosanna sans fin", mélange habituel de légèreté et de gravité sur les questions du temps, de la vie, de Dieu. A la fois imploration "sauve nous" et célébration "gloire à toi!" Dialogue bienveillant mais sans concession entre le questionnement philosophique et la Révélation chrétienne.

Jean d'Ormesson écrit : "Les chrétiens n'ont pas le droit de se plaindre, d'ailleurs ils ne se plaignent pas. Non seulement il ne peut pas leur être interdit de croire en un Dieu créateur du ciel et de la terre mais ils ont la chance d'avoir pour modèle, sous leurs yeux, un personnage à qui l'existence et la place dans notre histoire ne peuvent pas être contestées : Jésus. Lui au moins, il est permis de l'admirer et de l'aimer sans trop se poser de questions sur sa réalité."

L'écrivain, qui avouait aimer un peu trop les plaisirs de la terre pour s'attacher vraiment à la perspective du ciel achève son oeuvre par cette phrase : "Si quelqu'un a laissé une trace éclatante dans l'esprit des hommes, c'est bien le Christ Jésus ?" Un acte de foi, avant de poser sa plume pour l'éternité

Le testament de Jean d'Ormesson peut nous aider à décoder la persistance des étoiles, des crèches et des chants traditionnels dans un monde qui prétend s'être affranchi de ses racines chrétiennes. Quoi qu'on veuille, quoi qu'on fasse, la trace de Jésus de Nazareth est si éclatante dans l'esprit des hommes qu'on ne peut pas s'en débarrasser, qu'on ne peut pas en étouffer complètement la lumière.

Les croyants seront parfois déconcertés, voire agacés par les atermoiements. Les incroyants se laisseront toucher par les formules qui sonnent comme autant d'invitations à regarder le ciel ou, mieux, à rentrer en soi-même pour s'y ouvrir à l'essentiel.

"Croire est une grande chance. La foi est un bonheur. Plus puissante encore que la pensée, elle soulève des montagnes. Elle éclaire le monde d'une lumière venue d'ailleurs"

Voilà bien le sens de Noël (et on peut rajouter de Pâques, deuxième sinon première grande fête chrétienne) aujourd'hui , tant les questions et les secousses du monde ne cessent de s'intensifier : accueillir et célébrer le bienfait d'une lumière venue d'ailleurs. Qui rassemble et qui réchauffe."

http://www.editions-heloisedormesson.com/livre/un-hosanna-sans-fin/