La Porte Ouverte (souvenir de F. Huc) / Un grand-père, sa fille, son petit-fils et un chien à l'école

"Je n'aime pas tellement les instants de solitude à deux :

depuis mon enfance mes relations

avec mon père ont toujours été tendues.

Il lève la tête de son livre, me regarde longuement,

comme après une longue réflexion avec lui-même.

"Dis-moi, j'ai été un peu sévère avec toi dans le temps ?"

- Il a l'air tourmenté, mais ajoute avec espoir...

"Mais tu n'étais pas facile tous les jours n'est-ce pas ?"

Il se rassérène car j'éclate de rire et le voilà qui se redresse. et 

il décide d'aller chercher "le petit" à l'école.

L'enfant de son coeur, celui à qui il passe tout

*

Le petit garçon et son grand-père reviennent main dans la main. Mon père est furieux, son petit-fils va être collé.

Ils avaient décidé d'aller ensemble au cinéma !

L'exploit de son petit-fils ?

Un chien ! - explose mon fils

- celui que je soigne dans le renfoncement de la rue Mirepoix.

Et aujourd'hui il n'a pas voulu m'attendre, il m'a suivi en classe

*

Moi, des années plus tôt, c'était un âne qui m'avait suivie. 

Mon père se souvient aussi et me lance un regard moqueur.

Mais mon fils gémit et mon père tonne :

Cette débile de concierge à l'école, tu sais ce qu'elle a fait ?

Elle a enfermé le chien dans sa buanderie

pour le conduire ce soir à la fourrière pour qu'il y soit abattu ! ...

Là je ne prends pas le temps d'écouter mon père en train de constater que mon fils me ressemble et que décidément "les chiens ne font pas des chats".

On est déjà partis tous les trois, au pas de course !

Et nous sommes revenus tous les quatre, grand-père, maman, fiston et le chien revenant de loin ! "